Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/53

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chers témoins : même sans les répandre, on a honte de ses larmes. Je regarde la vastitude du vide où je suis lancé. Foyer d’une parabole sans fin et sans impact, il faut que j’aille à jamais dans le plan de l’infortune. Il n’est plus de temps, pour moi ; et désormais, du désir à l’action, de l’acte à un autre acte, toutes les distances s’annulent. Au delà de la Ville immense, au delà du fleuve et de la vallée, au delà de la mer, au delà de la terre et du ciel, au delà de la lune, je sais une étendue sans mesure et sans espérance. L’espace infini, c’est l’amour ; et dans cette vie, il n’a pas de sens.