ridicule. Son humour est irrésistible. Elle a ce caractère singulier d’être encore bonne, même quand elle porte des coups terribles. Il n’y a pas, dans Tolstoï, l’ombre d’une volonté méchante ; et quand le monde entier me ferait calomnie de lui sur calomnie, j’en croirais Tolstoï et n’en croirais pas le monde entier. Tolstoï a pu être mauvais, comme tout homme : encore y a-t-il des abîmes entre la méchanceté d’un homme et celle d’un autre. Nul ordre ne compte plus de degrés, depuis les infiniment petits de la mauvaise conscience, qui la trompent elle-même, jusqu’aux élans divins de la bonne. Il va de soi que la bonne volonté de l’esprit et le bon mouvement du cœur sont tout. Fit-il le mal, en Tolstoï la volonté est bonne. Il est admirable qu’elle le demeure, avec une vue si impitoyable des vices, des fautes et des ridicules humains. Mais c’est que Tolstoï ne voit pas moins au fond de la misère humaine : il a plus de raison même que de verve. Il est beau que sa charité dépende étroitement de sa raison. La sotte idée d’en faire un prêcheur de pitié ! Tolstoï est un des esprits le plus éloignés de tout rêve sentimental. La foi et un raisonnement complet ne sont pas