Page:Suarès - Tolstoï.djvu/87

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-là, et qu’en lui tout est volontaire, surtout la vertu.

Ils n’en voient que les apparences, sans le connaître plus en ce qu’il est qu’en ce qu’il fut. Le fond du cœur est le même, et il est admirable qu’on n’en puisse pas douter. De tout le fer qu’il avait pour le mal et pour la guerre, il a fait une charrue pour le bien et pour la paix. Ce Moi puissant enfin a trouvé sa vérité. La volonté seule fixe le sens de la force.

Tolstoï était sans cesse irrésolu et indécis. Sa volonté n’avait pas d’emploi. L’immense labeur qu’elle pouvait fournir dépendait de la raison, qui devait seule en régler l’usage. Il lui fallait la vérité, ou, comme on dit, une foi.

Il l’a eue. Dès lors, en lui tout a eu sa règle. Ce que cette force avait d’unique pour le bien et pour la vie s’est révélé.

Sa critique ruinait toute créance. La vie et la pensée lui semblaient justement inutiles ; l’action et l’amour, sans objet. Il a dû paraître plus égoïste, quand il a embrassé un objet unique ; qu’il en a défini l’utilité suprême ; qu’il s’y est attaché de toutes ses forces, et a voulu y engager l’humanité entière. Il