Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/76

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et savait donner à ses moindres mouvements, à ses poses les plus indifférentes en apparence. Sans doute cette grâce était calculée, raisonnée, si cela peut se dire ; mais l’habitude avait tellement harmonisé cet art enchanteur avec l’élégance native de ses manières, qu’il était impossible de regarder quelque chose de plus délicieux que madame de Pënâfiel.

D’ailleurs, en fait d’exquisitisme, le naturel seul ne peut supporter la comparaison avec la parure étudiée ; autant dire que la fleur pâle et sauvage de l’églantier, se peut comparer à la rose pour l’abondance, l’éclat et le parfum.

Madame de Pënâfiel, quant à cela, d’une sincérité charmante, avouait qu’elle avait un plaisir extrême à s’habiller avec le goût le plus parfait, afin de se trouver jolie ; qu’elle aimait beaucoup à voir son attitude gracieuse réfléchie dans une glace ; elle ne comprenait pas enfin qu’on rougît davantage de cultiver et d’orner sa beauté que son esprit ; qu’on ne s’étudiât pas autant à toujours prendre une pose élégante et choisie, qu’à ne jamais parler sans finesse et sans atticisme.

Elle avouait encore qu’elle se plaisait à cette coquetterie beaucoup plus pour elle-même que pour les autres, qui, disait-elle dans ses jours