Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/143

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rien arrivé de dangereux, grâce à Djalma… Vois-tu, Dagobert, reprit Rose, que je retiens bien le nom !

Et elle continua.

« Les Anglais croyaient qu’après m’avoir tué (opinion très-flatteuse pour moi), ils auraient facilement raison de l’armée du prince ; aussi un officier de cipayes et cinq ou six soldats irréguliers, lâches et féroces brigands, me voyant rouler dans le ravin, s’y précipitent pour m’achever… Au milieu du feu et de la fumée, nos montagnards, emportés par l’ardeur, n’avaient pas vu ma chute ; mais Djalma ne me quittait pas, il sauta dans le ravin pour me secourir, et sa froide intrépidité m’a sauvé la vie ; il avait gardé les deux coups de sa carabine : de l’un, il étend l’officier raide mort, de l’autre, il casse le bras à un irrégulier qui m’avait déjà percé la main d’un coup de baïonnette ; mais rassure-toi, ma bonne Éva, ce n’est rien… une égratignure… »

— Blessé… encore blessé, mon Dieu ! s’écria Blanche en joignant les mains et en interrompant sa sœur.

— Rassurez-vous, dit Dagobert, ça n’aura été, comme dit le général, qu’une égratignure ; car autrefois les blessures qui n’empêchaient pas de se battre, il les appelait des blessures blan-