Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à coup on entendit un éclat de rugissement féroce, suivi d’un grand cri du Prophète, et presque aussitôt la panthère hurla d’une façon lamentable.

— Vous êtes sans doute la cause d’un malheur, dit au soldat l’hôte effrayé ; avez-vous entendu ? quel cri !… Morok est peut-être dangereusement blessé.

Dagobert allait répondre à l’hôte lorsque la porte s’ouvrit ; Goliath parut sur le seuil et dit :

— On peut entrer, il n’y a plus de danger.

L’intérieur de la ménagerie offrait un spectacle sinistre.

Le Prophète, pâle, pouvant à peine dissimuler son émotion sous son calme apparent, était agenouillé à quelques pas de la cage de la panthère, dans une attitude recueillie : au mouvement de ses lèvres on devinait qu’il priait.

À la vue de l’hôte et des gens de l’auberge, Morok se releva en disant d’une voix solennelle :

— Merci, mon Dieu… d’avoir pu vaincre encore une fois par la force que vous m’avez donnée.

Alors, croisant ses bras sur sa poitrine, le front altier, le regard impérieux, il sembla jouir du triomphe qu’il venait de remporter sur