Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/279

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— Quelle route…, monsieur ? demanda le postillon en se retournant sur sa selle.

— Route d’Italie !… répondit le maître de Rodin, sans pouvoir retenir un soupir si déchirant, qu’il ressemblait à un sanglot.

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Lorsque la voiture fut partie au galop des chevaux, Rodin salua profondément, puis il rentra dans la grande pièce froide et nue.

L’attitude, la physionomie, la démarche de ce personnage changèrent subitement.

Il paraissait grandi, ce n’était plus un automate qu’une humble obéissance faisait machinalement agir ; ses traits, jusqu’alors impassibles, son regard, jusqu’alors continuellement voilé, s’animèrent tout à coup et révélèrent une astuce diabolique ; son sourire sardonique contracta ses lèvres minces et blafardes, une satisfaction sinistre dérida ce visage cadavéreux.

À son tour, il s’arrêta devant l’énorme sphère.

À son tour il la contempla silencieusement comme l’avait contemplée son maître…

Puis, se courbant sur ce globe, l’enlaçant pour ainsi dire dans ses bras… après l’avoir quelques instants couvé de son œil de reptile, il traîna sur la surface polie de la mappemonde ses doigts noueux, frappa tour à tour de son ongle plat et