Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/286

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cer la joie… le glas des morts remplacer le bruit des fêtes…

Ont, comme cette vallée, beaucoup pleuré de morts le même jour, et les ont enterrés la nuit à la sinistre lueur des torches…

Car pendant ces années maudites, un terrible voyageur a lentement parcouru la terre d’un pôle à l’autre… du fond de l’Inde et de l’Asie… aux glaces de la Sibérie… des glaces de la Sibérie jusqu’aux grèves de l’Océan français.

Ce voyageur, mystérieux comme la mort, lent comme l’éternité, implacable comme le destin, terrible comme la main de Dieu… c’était…

Le Choléra !…


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le bruit des cloches et des chants funèbres montait toujours des profondeurs de la vallée au sommet de la colline comme une grande voix plaintive…

La lueur des torches funéraires s’apercevait toujours au loin, à travers la brume du soir…

Le crépuscule durait encore. Heure étrange, qui donne aux formes les plus arrêtées une apparence vague, insaisissable, fantastique…

Mais le sol pierreux et sonore de la montagne a résonné sous un pas lent, égal et ferme…