Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/320

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lente du suc dont l’aiguille était imprégnée, que, en s’infiltrant et s’extravasant peu à peu sous la peau, il devait au bout de quelques heures devenir d’un rouge violet, et rendre ainsi très apparents ces caractères alors presque invisibles.

L’étrangleur, après avoir si heureusement accompli son projet, jeta un dernier regard de féroce convoitise sur l’Indien endormi…

Puis, s’éloignant de la natte en rampant, il regagna l’ouverture par laquelle il s’était introduit dans la cabane, rejoignit hermétiquement les deux lèvres de cette incision, afin d’ôter tout soupçon, et disparut au moment où le tonnerre commençait à gronder sourdement dans le lointain[1].



  1. On lit dans les lettres de feu Victor Jacquemont sur l’Inde, à propos de l’incroyable dextérité de ces hommes :

    « Ils rampent à terre dans les fossés, dans les sillons des champs, imitent cent voix diverses, réparent, en jetant le cri d’un chacal ou d’un oiseau, un mouvement maladroit qui aura causé quelque bruit, puis se taisent, et un autre à quelque distance imite le glapissement de l’animal dans le lointain. Ils tourmentent le sommeil par des bruits, des attouchements, ils font prendre au corps et à tous les membres la position qui convient à leur dessein. »

    M. le comte Édouard de Warren, dans son excellent ouvrage sur l’Inde anglaise, que nous aurons encore l’oc-