Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/329

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ces créatures enchanteresses qu’il se plaisait à revêtir des formes les plus idéales.

Il lui semblait voir à l’extrémité de l’allée, au milieu de la nappe de lumière dorée que les arbres entouraient de leur plein cintre de verdure, il lui semblait voir passer et repasser, blancs et sveltes sur ce fond vermeil, d’adorables et voluptueux fantômes qui, souriant, lui jetaient des baisers du bout de leurs doigts roses.

Alors, ne pouvant plus contenir les brûlantes émotions qui l’agitaient depuis quelques minutes, emporté par une exaltation étrange, Djalma poussant tout à coup quelques cris de joie mâle, profonde, d’une sonorité sauvage, fit en même temps bondir sous lui sa vigoureuse jument avec une folle ivresse…

Un vif rayon de soleil, perçant la sombre voûte de l’allée, l’éclairait alors tout entier.

Depuis quelques instants, un homme s’avançait rapidement dans un sentier qui, à son extrémité, coupait diagonalement l’avenue où se trouvait Djalma.

Cet homme s’arrêta un moment dans l’ombre, contemplant Djalma avec étonnement.

C’était en effet quelque chose de charmant à voir, au milieu d’une éblouissante auréole de lumière, que ce jeune homme, si beau, si enivré, si ardent… aux vêtements blancs et flot-