Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/355

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Je suis celui qui aime, qui souffre et qui pardonne.

— Frère… entends-tu ? dit le nègre à Faringhea ; il n’a pas oublié les paroles du voyageur avant sa mort.

— La vision le poursuit… Écoute… il parle encore… Comme il est pâle !

En effet, l’Indien, toujours sous l’obsession de son rêve, continua :

— Voyageur… nous sommes trois, nous sommes courageux, nous avons la mort dans la main, et tu nous as vus sacrifier à la bonne œuvre. Sois des nôtres… ou meurs… meurs… meurs… Oh ! quel regard… Pas ainsi… Ne me regarde pas ainsi…

En disant ces derniers mots, l’Indien fit un brusque mouvement, comme pour éloigner un objet qui s’approchait de lui, et il se réveilla en sursaut.

Alors, passant la main sur son front baigné de sueur… il regarda autour de lui d’un œil égaré :

— Frère… toujours ce rêve ? lui dit Faringhea. Pour un hardi chasseur d’hommes… ta tête est faible… Heureusement ton cœur et ton bras sont forts…

L’Indien resta un moment sans répondre, son front caché dans ses mains, puis il reprit :