Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à demi brûlé par les Prussiens, et que feu M. le comte n’a jamais fait rebâtir : « Qu’est-ce que c’est donc que ces ruines-là ? » je lui ai répondu : « Madame, c’est du temps des alliés que le pavillon a été incendié. – Ah ! ma chère !… s’est-elle écriée, les alliés, ces bons alliés, ces chers alliés… c’est eux et la restauration qui ont commencé ma fortune. » Alors, moi, vois-tu, Dupont, je me suis dit tout de suite : « Bien sûr… c’est une ancienne émigrée. »

— Madame de la Sainte-Colombe !… s’écria le régisseur en éclatant de rire… ah ! ma pauvre femme ! ma pauvre femme !…

— Oh ! toi, parce que tu as été trois ans à Paris, tu te crois un devin…

— Catherine, brisons là ; tu me ferais dire quelque sottise, et il y a des choses que d’honnêtes et excellentes créatures comme toi doivent toujours ignorer.

— Je ne sais pas ce que tu veux dire par là… mais tâche donc de ne pas être si mauvaise langue, car enfin, si madame de la Sainte-Colombe achète la terre… tu seras bien content qu’elle te garde pour régisseur… n’est-ce pas ?

— Ça, c’est vrai… car nous nous faisons vieux, ma bonne Catherine, voilà vingt ans que nous sommes ici, nous sommes trop hon-