Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/448

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Rabat-Joie, son museau appuyé sur ses pattes allongées, jouit avec délices d’un parfait bien-être, après tant de traverses terrestres et maritimes ! Nous ne saurions affirmer qu’il pense habituellement beaucoup au pauvre vieux Jovial, à moins qu’on ne prenne pour une marque de souvenir de sa part son irrésistible besoin de mordre tous les chevaux blancs qu’il avait rencontrés depuis la mort de son vénérable compagnon, lui, jusqu’alors le plus inoffensif des chiens à l’endroit des chevaux de toute robe.

Au bout de quelques instants, une des portes qui donnaient dans cette chambre s’ouvrit, et les deux sœurs entrèrent timidement ; depuis quelques instants, éveillées, reposées et habillées, elles ressentaient encore de l’inquiétude au sujet de Dagobert ; quoique la femme du régisseur, après les avoir conduites dans leur chambre, fût ensuite revenue leur apprendre que le médecin du village ne trouvait aucune gravité dans l’état et dans la blessure du soldat, néanmoins elles sortaient de chez elles, espérant s’informer de lui auprès de quelqu’un du château.

Le haut dossier de l’antique fauteuil où dormait Gabriel le cachait complètement ; mais les orphelines, voyant Rabat-Joie tranquillement