Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/503

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cela annonce du cœur et de la délicatesse, n’est-ce pas, Mayeux ? Enfin, je crois cette demoiselle si bonne, si généreuse, que dans une circonstance importante je n’hésiterais pas à m’adresser à elle…

— Oui… tu as raison, répondit la Mayeux, de plus en plus distraite.

La pauvre fille souffrait amèrement… Elle n’éprouvait aucune haine, aucune jalousie contre cette jeune personne inconnue, qui par sa beauté, par son opulence, par la délicatesse de ses procédés, semblait appartenir à une sphère tellement haute et éblouissante, que la vue de la Mayeux ne pouvait pas seulement y atteindre… Mais, faisant involontairement un douloureux retour sur elle-même, jamais peut-être l’infortunée n’avait plus cruellement ressenti le poids de la laideur et de la misère…

Et pourtant, telle était l’humble et douce résignation de cette noble créature, que la seule chose qui l’eût un instant indisposée contre Adrienne de Cardoville avait été l’offre d’une bourse à Agricol ; mais la façon charmante dont la jeune fille avait réparé cette erreur touchait profondément la Mayeux…

Cependant son cœur se brisait. Cependant elle ne pouvait retenir ses larmes en contemplant cette magnifique fleur, si brillante, si