Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/565

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blessures ne changeront jamais sa robe noire en robe d’évêque.

— Je ne suis pas si désintéressé que je le parais, dit Gabriel à Dagobert en souriant doucement ; si j’en suis digne, une grande récompense peut m’attendre là-haut.

— Quant à cela, mon garçon, je n’y entends rien… et je ne disputerai pas avec toi là-dessus… Ce que je soutiens… c’est que ma vieille croix serait au moins aussi bien placée sur ta soutane que sur mon uniforme.

— Mais ces récompenses ne sont jamais pour d’humbles prêtres comme Gabriel, dit le forgeron, et pourtant si tu savais, mon père, ce qu’il y a de vertu, de vaillance dans ce que le parti prêtre appelle le bas clergé… que de mérite caché, que de dévouements ignorés chez ces obscurs et dignes curés de campagne si inhumainement traités et tenus sous un joug impitoyable par leurs évêques ! Comme nous, ces pauvres prêtres sont des travailleurs dont tous les cœurs généreux doivent aussi demander l’affranchissement ! fils du peuple comme nous, utiles comme nous, que justice leur soit rendue comme à nous !… Est-ce vrai, Gabriel ?… Tu ne me démentiras pas, mon bon frère, car ton ambition, me disais-tu, eût été d’avoir une petite cure de campagne, parce que tu