Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/84

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rent ; croyant utile à ses projets de cacher sa déconvenue, il fit un pas vers le soldat et lui dit d’assez bonne grâce :

— Allons, j’obéis à ces messieurs, j’avoue que j’ai eu tort, votre mauvais accueil m’avait blessé, je n’ai pas été maître de moi… je répète que j’ai eu tort…, ajouta-t-il avec un dépit concentré, le Seigneur commande de l’humilité… Je vous demande excuse…

Cette preuve de modération et de repentir fut vivement applaudie et appréciée par les spectateurs.

— Il vous demande pardon, vous n’avez rien à dire à cela, mon brave, reprit l’un d’eux en s’adressant à Dagobert ; allons trinquer ensemble, nous vous faisons cette offre de tout cœur, acceptez-la de même.

— Oui, acceptez, nous vous en prions, au nom de vos jolies petites filles, dit le gros homme afin de décider Dagobert.

Celui-ci, touché des avances cordiales des Allemands, leur répondit :

— Merci, messieurs… vous êtes de dignes gens. Mais quand on a accepté à boire, il faut offrir à boire à son tour…

— Eh bien ! nous acceptons… c’est entendu… chacun son tour… c’est trop juste… Nous payerons le premier bol et vous le second.