Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/108

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— Et ce n’est pas la mienne, docteur, dit la princesse ; ainsi que M. Tripeaud, j’ai pensé qu’il était important que la chose fût établie au procès-verbal, et j’ai vu, au regard confus et douloureux du magistrat, combien il lui était pénible d’avoir à enregistrer la scandaleuse conduite d’une jeune personne placée dans une si haute position sociale…

— Sans doute, madame, dit Adrienne impatientée, je crois votre pudeur à peu près égale à celle de ce candide commissaire de police ; mais il me semble que votre commune innocence s’alarmait un peu trop promptement ; vous et lui auriez pu réfléchir qu’il n’y avait rien d’extraordinaire à ce que, étant sortie, je suppose, à six heures du matin, je fusse rentrée à huit.

— L’excuse, quoique tardive… est du moins adroite, dit la princesse avec dépit.

— Je ne m’excuse pas, madame, répondit fièrement Adrienne ; mais, comme M. Baleinier a bien voulu dire un mot en ma faveur, par amitié pour moi, je donne l’interprétation possible d’un fait qu’il ne me convient pas d’expliquer devant vous…

— Alors le fait demeure acquis au procès-verbal… jusqu’à ce que mademoiselle en donne l’explication, dit le baron Tripeaud.