Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/144

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Un corps de logis parallèle à celui où elle se trouvait s’élevait à peu de distance.

Au milieu des noires ténèbres qui remplissaient l’espace, une large fenêtre rayonnait, éclairée…

À travers ses vitres sans rideaux, Adrienne aperçut une figure blanche, hâve, décharnée, traînant après soi une sorte de linceul, et qui sans cesse passait et repassait précipitamment devant la fenêtre, mouvement à la fois brusque et continu.

Le regard attaché sur cette fenêtre qui brillait dans l’ombre, Adrienne resta comme fascinée par cette lugubre vision ; puis ce spectacle portant sa terreur à son comble, elle appela au secours de toutes ses forces, sans quitter les barreaux de la fenêtre où elle se tenait cramponnée.

Au bout de quelques secondes, et pendant qu’elle appelait à son secours, deux grandes femmes entrèrent silencieusement dans le salon où se trouvait mademoiselle de Cardoville, qui, toujours cramponnée à la fenêtre, ne put les apercevoir.

Ces deux femmes, âgées de quarante à quarante-cinq ans, robustes, viriles, étaient négligemment et sordidement vêtues, comme des chambrières de basse condition ; par-dessus leurs habits, elles portaient de grands tabliers