Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/151

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nous la déshabillerons pour la coucher, et ça ne sera rien.

— Transporte-la, toi, dit la Gervaise. Moi, je vais prendre la lampe.

Et la Thomas, grande et robuste, souleva mademoiselle de Cardoville comme elle eût soulevé un enfant endormi, l’emporta dans ses bras et suivit sa compagne dans la chambre par laquelle M. Baleinier avait disparu.

Cette chambre, d’une propreté parfaite, était d’une nudité glaciale ; un papier verdâtre couvrait les murs ; un petit lit de fer très-bas, à chevet formant tablette, se dressait à l’un des angles ; un poêle, placé dans la cheminée, était entouré d’un grillage de fer qui en défendait l’approche ; une table attachée au mur, une chaise placée devant cette table et aussi fixée au parquet, une commode d’acajou et un fauteuil de paille composaient ce triste mobilier ; la croisée, sans rideaux, était intérieurement garnie d’un grillage destiné à empêcher le bris des carreaux.

C’est dans ce sombre réduit, qui offrait un si pénible contraste avec son ravissant petit palais de la rue de Babylone, qu’Adrienne fut apportée par la Thomas, qui, aidée de Gervaise, assit sur le lit mademoiselle de Cardoville inanimée. La lampe fut placée sur la tablette du chevet.