Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/218

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main de son petit-fils, lorsque le sacristain, trouvant que la chose avait suffisamment duré, ôta l’aspersoir des mains de l’enfant, et fit signe aux hommes du corbillard d’enlever prestement la bière : ce qui fut fait.

— Était-il lambin, ce vieux ! dit tout bas le suisse au bedeau en regagnant la sacristie ; c’est à peine si nous aurons le temps de déjeuner et de nous habiller pour l’enterrement ficelé de ce matin ;… à la bonne heure, voilà un mort qui en vaut la peine… En avant la hallebarde !…

— Et les épaulettes de colonel, pour donner dans l’œil à la loueuse de chaises, scélérat ? dit le bedeau d’un air narquois.

— Que veux-tu, Catillard ! on est bel homme, et ça se voit, répondit le suisse d’un air triomphant ; je ne peux pas non plus éborgner les femmes, pour leur tranquillité.

Et les deux hommes entrèrent dans la sacristie.

La vue de l’enterrement avait encore augmenté la tristesse de Françoise.

Lorsqu’elle entra dans l’église, sept ou huit personnes, disséminées sur des chaises, étaient seules dans cet édifice humide et glacial.

L’un des donneux d’eau bénite, vieux drôle à figure rubiconde, joyeuse et avinée, voyant