Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/221

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— Oui, mon père.

— C’est bien… je vous écoute…

— Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché, dit Françoise.

La voix prononça la formule de bénédiction.

La femme de Dagobert y répondit amen, comme il convient ; dit son Confiteor jusqu’à : C’est ma faute, rendit compte de la façon dont elle avait accompli sa dernière pénitence et en vint à l’énumération des nouveaux péchés commis depuis l’absolution reçue.

Car cette excellente femme, ce glorieux martyr du travail et de l’amour maternel, croyait toujours pécher ; sa conscience était incessamment bourrelée par la crainte d’avoir commis on ne sait quelles incompréhensibles peccadilles. Cette douce et courageuse créature qui, après une vie entière de dévouement, aurait dû se reposer dans le calme et dans la sérénité de son âme, se regardait comme une grande pécheresse, et vivait dans une angoisse incessante, car elle doutait fort de son salut.

— Mon père, dit Françoise d’une voix émue, je m’accuse de n’avoir pas fait ma prière du soir avant-hier… Mon mari, dont j’étais séparée depuis bien des années, est arrivé… Alors le trouble, le saisissement, la joie de son retour…