Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/316

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Une assez grande quantité de masques grotesquement et pauvrement accoutrés sortaient des bals de cabarets situés dans le quartier de l’Hôtel de Ville, et traversaient en chantant la place du Châtelet ; mais en voyant accourir sur le quai une seconde troupe de gens déguisés, les premiers masques s’arrêtèrent pour attendre les nouveaux en poussant des cris de joie dans l’espoir d’une de ces luttes de paroles graveleuses et de lazzi poissards qui ont illustré Vadé.

Cette foule, plus ou moins avinée, bientôt augmentée de beaucoup de gens que leur état obligeait à circuler dans Paris de très-grand matin, cette foule s’était tout à coup concentrée dans l’un des angles de la place, de sorte qu’une jeune fille pâle et contrefaite qui la traversait en ce moment fut enveloppée de toutes parts.

Cette jeune fille était la Mayeux ; levée avec le jour, elle allait chercher plusieurs pièces de lingerie chez la personne qui l’employait. On conçoit les craintes de la pauvre ouvrière, lorsque, involontairement engagée au milieu de cette foule joyeuse, elle se rappela la cruelle scène de la veille ; mais malgré tous ses efforts, hélas ! bien chétifs, elle ne put faire un pas, car la troupe de masques qui arrivait s’étant