Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/33

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— C’est beaucoup !…

— Et c’est peu, si l’on songe qu’une fois le pied dans ce pays, on rentrerait promptement dans cette somme qui, après tout, est à peine la huitième partie de celle que l’affaire des médailles, heureusement conduite, doit assurer à l’ordre.

— Oui… près de quarante millions…, dit la princesse d’un air pensif.

— Et encore… ces cinq millions que d’Orbano demande ne seraient qu’une avance… ils nous rentreraient par les dons volontaires, en raison même de l’accroissement d’influence que nous donnerait l’éducation des enfants, car, par eux, nous aurions la famille. Eh ! mon Dieu ! ceux qui gouvernent ne voient donc pas qu’en faisant nos affaires nous faisons les leurs… qu’en nous abandonnant l’éducation, ce que nous demandons avant toute chose, nous façonnerons le peuple à cette obéissance muette et morne, à cette soumission de serf et de brute, qui assure le repos des États par l’immobilité de l’esprit ; ils ne voient donc pas enfin que cette foi aveugle, passive, que nous demandons à la masse, doit leur servir de frein pour la conduire et la mater… tandis que nous demandons aux heureux du monde seulement des apparences qui devraient, s’ils avaient seulement