Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/363

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suis ouvrier en billets de banque ou en monnaie trompe-l’œil ! dit Jacques en riant.

— Ah ! camarade… une telle supposition…

— Est pardonnable à voir le train que je mène… Mais je vas vous rassurer… Je dépense un héritage.

— Vous mangez et vous buvez un oncle sans doute ? dit gracieusement Dumoulin.

— Ma foi… je n’en sais rien…

— Comment ? vous ignorez l’espèce de ce que vous mangez ?

— Figurez-vous d’abord que mon père était chiffonnier…

— Ah ! diable !… dit Dumoulin assez décontenancé quoiqu’il fût assez généralement peu scrupuleux sur le choix de ses compagnons de bouteille ; mais, son premier étonnement passé, il reprit avec une aménité charmante : Mais il y a des chiffonniers… du plus haut mérite…

— Pardieu ! vous croyez rire…, dit Jacques, et pourtant vous avez raison ; mon père était un homme d’un fameux mérite, allez ! Il parlait grec et latin comme un vrai savant, et il me disait toujours que pour les mathématiques il n’avait pas son pareil… sans compter qu’il avait beaucoup voyagé…

— Mais alors, reprit Dumoulin que la surprise