Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/402

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— Dans ma position, dit la Mayeux avec une timidité fière on n’a pas le droit, je le sais, d’écouter ses susceptibilités ; pourtant je préférerais travailler à la journée, et, en gagnant moins, avoir la faculté de travailler chez moi.

— La condition d’aller en journée est malheureusement indispensable, dit Florine.

— Alors, je dois renoncer à cet espoir, répondit timidement la Mayeux… Non que je refuse d’aller en journée ; avant tout il faut vivre… mais… on exige des ouvrières une mise, sinon élégante, du moins convenable… et, je vous l’avoue sans honte, parce que ma pauvreté est honnête… je ne puis être mieux vêtue que je ne le suis.

— Qu’à cela ne tienne… dit vivement Florine, on vous donnera les moyens de vous vêtir convenablement.

La Mayeux regarda Florine avec une surprise croissante. Ces offres étaient si fort au delà de ce qu’elle pouvait espérer et de ce que les ouvrières gagnent généralement, que la Mayeux pouvait à peine y croire.

— Mais…, reprit-elle avec hésitation, pour quel motif serait-on si généreux envers moi, mademoiselle ? De quelle façon pourrais-je donc mériter un salaire si élevé ?

Florine tressaillit.