Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/457

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de joie, il est donc vrai ? on m’avait trompée : aussi tout à l’heure, en vous voyant si belle, si bienveillante, en entendant votre voix si douce, je ne pouvais croire qu’un tel malheur vous eût frappée… Mais, hélas ! comment se fait-il mademoiselle, que vous soyez ici ?

— Pauvre enfant ! dit Adrienne tout émue de l’affection que lui témoignait cette excellente créature. Et comment se fait-il qu’avec tant de cœur, qu’avec un esprit si distingué, vous soyez si malheureuse ? Mais, rassurez-vous, je ne serai pas toujours ici… c’est vous dire que vous et moi reprendrons bientôt la place qui nous convient… Croyez-moi, je n’oublierai jamais que malgré la pénible préoccupation où vous deviez être en vous voyant privée de travail, votre seule ressource, vous ayez songé à venir à moi… pour tâcher de m’être utile ;… vous pouvez, en effet, me servir beaucoup… ce qui me ravit, parce que je vous devrai beaucoup… Aussi vous verrez combien j’abuserai de ma reconnaissance ! dit Adrienne avec un sourire adorable. Mais, reprit-elle, avant de penser à moi, pensons aux autres ; votre frère adoptif n’est-il pas en prison ?

— À cette heure, sans doute, mademoiselle, il n’y est plus, grâce à la générosité d’un de ses camarades ; son père a pu aller hier offrir