Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/525

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vous l’a dit, le couvent est gardé… Ce matin vous auriez tenté d’enlever en plein jour ces deux jeunes demoiselles, vous auriez été arrêté ; mais au moins cette tentative, faite ouvertement, avait un caractère de loyale audace qui plus tard peut-être vous eût fait absoudre… Mais vous introduire ainsi la nuit avec escalade… je vous le répète, ce sont les galères… Maintenant… mon père… décidez-vous… ce que vous ferez, je le ferai… car je ne vous laisserai pas aller seul… Dites un mot… je forge votre crochet ; j’ai là au bas de l’armoire un marteau, des tenailles… et dans une heure nous partons.

Un profond silence suivit les paroles du forgeron, silence seulement interrompu par les sanglots de Françoise, qui murmurait avec désespoir :

— Hélas !… mon Dieu… voilà pourtant ce qui arrive… parce que j’ai écouté l’abbé Dubois.

En vain la Mayeux consolait Françoise ; elle se sentait elle-même épouvantée, car le soldat était capable de braver l’infamie, et alors Agricol voudrait partager les périls de son père.

Dagobert, malgré son caractère énergique et déterminé, restait frappé de stupeur.

Selon ses habitudes militaires, il n’avait vu dans son entreprise nocturne qu’une sorte de ruse de guerre autorisée par son bon droit