Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/599

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laissant votre médecin dans l’auberge, plongé dans un profond sommeil. Je me suis trouvé seul dans la voiture avec Djalma. Il fumait, en véritable Indien ; quelques parcelles d’array-mow, mélangées au tabac dont j’ai rempli sa longue pipe, l’ont d’abord assoupi… Une nouvelle dose qu’il a aspirée l’a endormi profondément, et à cette heure il est dans l’auberge où nous sommes descendus. Maintenant, frère… il dépend de moi de laisser Djalma plongé dans son assoupissement, qui durera jusqu’à demain soir… ou de l’en faire sortir à l’instant… Ainsi, selon que vous satisferez ou non à ma demande, Djalma sera ou ne sera pas demain rue Saint-François, no 3.

Ce disant, Faringhea tira de sa poche la médaille de Djalma, et dit à Rodin en la lui montrant :

— Vous le voyez, je vous dis la vérité… Pendant le sommeil de Djalma, je lui ai enlevé cette médaille, la seule indication qu’il ait de l’endroit où il doit se trouver demain… Je finis donc par où j’ai commencé, en vous disant : « Frère, je viens vous demander beaucoup ! »

Depuis quelques moments, Rodin, selon son habitude lorsqu’il était en proie à un accès de rage muette et concentrée, se rongeait les ongles jusqu’au sang.