Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/66

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détermination que plus tard ; mais je ne puis résister au plaisir de vous en faire part aujourd’hui, tant vous me paraissez disposée à l’entendre et à l’accueillir… Mais… je vous en prie, ma tante, parlez d’abord… Il se peut, après tout, que nous nous soyons complètement rencontrées dans nos vues.

— Je vous aime mieux ainsi, dit la princesse ; je retrouve au moins en vous le courage de votre orgueil et de votre mépris de toute autorité : vous parlez d’audace… la vôtre est grande.

— Je suis du moins fort décidée à faire ce que d’autres par faiblesse n’oseraient malheureusement pas… moi j’oserai… Ceci est net et précis, je pense.

— Très-net… et très-précis, dit la princesse en échangeant un signe d’intelligence et de satisfaction avec les autres acteurs de cette scène. Les positions, ainsi établies, simplifient beaucoup les choses… Je dois seulement vous avertir dans votre intérêt que ceci est très-grave, plus grave que vous ne le pensez, et que vous n’auriez qu’un moyen de me disposer à l’indulgence, ce serait de substituer à l’arrogance et à l’ironie habituelle de votre langage la modestie et le respect qui conviennent à une jeune fille.