Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en faveur de votre ordre à ma part de cet héritage… et il ne vous suffisait pas de me sacrifier à votre cupidité… il fallait encore me rendre l’instrument involontaire d’une indigne spoliation ! S’il ne s’agissait que de moi… que de mes droits sur ces richesses que vous convoitiez… je ne réclamerais pas ; je suis ministre d’une religion qui a glorifié, sanctifié la pauvreté ; la donation à laquelle j’ai consenti vous est acquise, je n’y prétends, je n’y prétendrai jamais rien ;… mais il s’agit de biens qui appartiennent à de pauvres orphelines amenées du fond d’un lieu d’exil par mon père adoptif ; et je ne veux pas que vous les dépossédiez… mais il s’agit de la bienfaitrice de mon frère adoptif, et je ne veux pas que vous la dépossédiez… mais il s’agit des dernières volontés d’un mourant qui, dans son ardent amour de l’humanité, a légué à ses descendants une mission évangélique, une admirable mission de progrès, d’amour, d’union, de liberté, et je ne veux pas que cette mission soit étouffée dans son germe. Non… non… et je vous dis, moi, que cette mission s’accomplira, dussé-je révoquer la donation que j’ai faite.

À ces mots, le père d’Aigrigny et Rodin se regardèrent en haussant légèrement les épaules.

Sur un signe du socius, le révérend père prit