Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/131

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Le soldat se tut.

Le père d’Aigrigny continua avec une nouvelle assurance :

— Sans doute, s’il existe réellement d’autres héritiers que M. l’abbé Gabriel, il est fâcheux pour eux de n’avoir pu se présenter ici en temps utile. Eh ! mon Dieu ! si au lieu de défendre la cause des souffrants et des nécessiteux, je défendais mes intérêts, je serais loin de me prévaloir de cet avantage dû au hasard ; mais comme mandataire de la grande famille des pauvres, je suis obligé de maintenir mes droits absolus à cet héritage, et je ne doute pas que M. le notaire ne reconnaisse la validité de mes réclamations en me mettant en possession de ces valeurs qui, après tout, m’appartiennent légitimement.

— Ma seule mission, reprit le notaire d’une voix émue, est de faire exécuter fidèlement la volonté du testateur. M. l’abbé Gabriel de Rennepont s’est seul présenté avant le dernier délai fixé pour la clôture de la succession. L’acte de donation est en règle ; je ne puis donc refuser de lui remettre dans la personne du donataire le montant de l’héritage…

À ces mots, Samuel cacha sa figure dans ses mains en poussant un gémissement profond ; il était obligé de reconnaître la jus-