Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/159

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pondit le révérend père, les dents serrées de colère. En pure perte ! et il ne s’agissait pas de quarante millions… mais de deux cent douze millions…

— Deux cent douze millions !… répéta la princesse avec stupeur en reculant d’un pas ; c’est impossible !…

— Je les ai vus, vous dis-je, en valeurs renfermées dans un coffret inventorié par le notaire.

— Deux cent douze millions ! reprit la princesse avec accablement ; mais c’était une puissance immense, souveraine… Et vous avez renoncé… et vous n’avez pas lutté, par tous les moyens possibles, jusqu’aux derniers moments ?…

— Eh ! madame, j’ai fait tout ce que j’ai pu ! Malgré la trahison de Gabriel, qui, ce matin même, a déclaré qu’il nous reniait… qu’il se séparait de la compagnie.

— L’ingrat ! dit naïvement la princesse.

— L’acte de donation, que j’avais eu la précaution de faire légaliser par le notaire, était en si bonne forme, que, malgré les réclamations de cet enragé soldat et de son fils, le notaire m’avait mis en possession de ce trésor.

— Deux cent douze millions ! répéta la princesse en joignant les mains. En vérité… c’est comme un rêve.