Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/161

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— Mais ne peut-on plaider sur la valeur de ce codicille ?

— Plaider… dans ce temps-ci ? plaider pour une affaire de testament ? nous exposer sans certitude de succès à mille clameurs ? Il est déjà bien assez fâcheux que tout ceci doive s’ébruiter… Ah ! c’est affreux !… et au moment de toucher au but… après tant de peines ! une affaire poursuivie avec tant de soins, tant de persistance, depuis un siècle et demi.

— Deux cent douze millions…, dit la princesse ; ce n’était plus en pays étranger que l’ordre s’établissait ; c’est en France, au cœur de la France, qu’il s’imposait, avec de telles ressources…

— Oui, reprit le père d’Aigrigny avec amertume, et, par l’éducation, nous nous emparions de toute la génération naissante… C’était politiquement d’une portée incalculable.

Puis, frappant du pied, il reprit :

— Je vous dis que c’est à en devenir fou de rage. Une affaire si sagement, si habilement, si patiemment conduite !…

— Ainsi, aucun espoir ?

— Le seul est que ce Gabriel ne rétracte pas sa donation en ce qui le concerne. Ce qui serait déjà considérable… car sa part s’élèverait seule à trente millions.