Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/165

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— Comment !… vous quittez votre place… vous n’écrivez pas ? dit le révérend père stupéfait.

Puis, s’adressant à la princesse, qui partageait son étonnement, il ajouta en désignant le socius d’un coup d’œil méprisant :

— Ah çà ! mais il perd la tête…

— Pardonnez-lui, reprit madame de Saint-Dizier, c’est sans doute le souci que lui cause la ruine de cette affaire.

— Remerciez madame la princesse, retournez à votre place, et continuez d’écrire, dit le père d’Aigrigny à Rodin d’un ton de compassion dédaigneuse.

Et d’un doigt impérieux il lui montra la table.

Le socius, parfaitement indifférent à ce nouvel ordre, s’approcha de la cheminée, à laquelle il tourna le dos, redressa son dos voûté, se campa ferme sur ses jarrets, frappa le tapis du talon de ses gros souliers huilés, croisa les mains derrière les pans de sa vieille redingote graisseuse, et redressant la tête, regarda fixement le père d’Aigrigny.

Le socius n’avait pas dit un mot, mais ses traits hideux, alors légèrement colorés, révélaient tout à coup une telle conscience de sa supériorité, un si souverain mépris pour le père d’Aigrigny, une audace si calme, et pour