Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/169

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Mais l’ex-socius, incapable d’apprécier ou plutôt de reconnaître ces nuances délicates, s’établit carrément, brutalement et impérieusement dans sa nouvelle position, non par réaction d’orgueil froissé, mais par conscience de ce qu’il valait ; une longue pratique du père d’Aigrigny lui avait révélé l’infériorité de ce dernier.

— Vous avez jeté la plume, dit le père d’Aigrigny à Rodin avec une extrême déférence, lorsque je vous dictais cette note pour Rome ;… me ferez-vous la grâce de m’apprendre en quoi… j’ai mal agi ?

— À l’instant même, reprit Rodin de sa voix aiguë et incisive ; pendant longtemps, quoique cette affaire me parût au-dessus de vos forces… je me suis abstenu ;… et pourtant que de fautes !… quelle pauvreté d’invention !… quelle grossièreté dans les moyens employés par vous pour la mener à bonne fin !

— J’ai peine à comprendre vos reproches…, répondit le père d’Aigrigny, quoiqu’une secrète amertume perçât dans son apparente soumission ; le succès n’était-il pas certain sans ce codicille ?… N’avez-vous pas contribué vous-même… à ces mesures que vous blâmez à cette heure ?

— Vous commandiez alors… et j’obéissais ;…