Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/177

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animation fébrile d’autant plus influente, qu’elle était plus rare, la princesse et le père d’Aigrigny se regardèrent, interdits.

— Je l’avoue, dit le révérend père à Rodin, je n’avais pas songé à toutes les dangereuses conséquences de cette association en bien, recommandée par M. de Rennepont ; je crois qu’en effet ses héritiers, d’après le caractère que nous leur connaissons, auront à cœur de réaliser cette utopie… Le péril est très-grand, très-menaçant ; mais, pour le conjurer… que faire ?…

— Comment, monsieur ? vous avez à agir sur des natures ignorantes, héroïques et exaltées comme Djalma, sensuelles et excentriques comme Adrienne de Cardoville, naïves et ingénues comme Rose et Blanche Simon, loyales et franches comme François Hardy, angéliques et pures comme Gabriel, brutales et stupides comme Couche-tout-Nu, et vous demandez : Que faire ?

— En vérité, je ne vous comprends pas, dit le père d’Aigrigny.

— Je le crois bien ! votre conduite passée, dans tout ceci, me le prouve assez, reprit dédaigneusement Rodin : vous avez eu recours à des moyens grossiers, matériels, au lieu d’agir sur tant de passions nobles, généreuses, élevées, qui, réunies un jour, formeraient un fais-