Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/190

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— Jamais. Probablement qu’il loge autre part, car il ne vient passer ici que quelques heures dans la journée tous les quatre ou cinq jours.

— Et il y vient tout seul ?

— Toujours seul.

— Vous en êtes sûre ? Il ne ferait pas entrer par hasard de petite femme en minon-minette ? car alors Philémon vous donnerait congé, dit Rose-Pompon d’un air plaisamment pudibond.

— M. Charlemagne ! une femme chez lui ? Ah ! le pauvre cher homme, dit la fruitière en levant les mains au ciel, si vous le voyiez, avec son chapeau crasseux, sa vieille redingote, son parapluie rapiécé et son air bonasse, il a plutôt l’air d’un saint que d’autre chose.

— Mais alors, mère Arsène, qu’est-ce qu’il peut venir faire ainsi tout seul pendant des heures dans ce taudis du fond de la cour, où on voit à peine clair en plein midi ?

— C’est ce que je me demande, mademoiselle ; qu’est-ce qu’il y peut faire ? car pour venir s’amuser à être dans ses meubles, c’est pas possible : il y a en tout chez lui : un lit de sangle, une table, un poêle, une chaise et une vieille malle.

— C’est dans les prix de l’établissement de Philémon, dit Rose-Pompon.