Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/199

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trouve bien !… moi qui venais pour la bénir au lever de l’aurore !

Et Nini-Moulin s’avança, les bras ouverts, à l’encontre de Rose-Pompon, qui recula d’un pas.

— Comment !… enfant ingrat…, reprit l’écrivain religieux, vous refusez mon accolade matinale et paternelle !

— Je n’accepte d’accolades paternelles que de Philémon… J’ai reçu hier une lettre de lui avec un petit baril de raisiné, deux oies, une cruche de ratafia de famille, et une anguille. Hein ! voilà un présent ridicule ! J’ai gardé le ratafia de famille et j’ai troqué le reste pour deux amours de pigeons vivants que j’ai installés dans le cabinet de Philémon, ce qui me fait un petit colombier bien gentil. Du reste mon époux arrive avec sept cents francs qu’il a demandés à sa respectable famille sous le prétexte d’apprendre la basse, le cornet à pistons et le porte-voix, afin de séduire en société et de faire un mariage… chicandard… comme vous dites, bon sujet…

— Eh bien ! ma pupille chérie, nous pourrons déguster le ratafia de famille et festoyer, en attendant Philémon et ses sept cents francs.

Ce disant Nini-Moulin frappa sur les poches de son gilet qui rendirent un son métallique, et il ajouta :