Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/226

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raux à leur faim, pillage, viol, massacre comme à Césène, vraie marée montante de sang carbonaro ; l’homme faible en aura le déboire, tant de tueries en son nom ! il reculera… il reculera… chacun de ses jours aura son remords, chaque nuit sa terreur, chaque minute son angoisse… Et l’abdication dont il menace déjà viendra enfin, peut-être trop tôt… C’est le seul danger à présent ; à vous d’y pourvoir.

« En cas d’abdication… le grand pénitencier m’a compris. Au lieu de confier à un général le commandement de notre ordre, la meilleure milice du saint-siège, je la commande moi-

    d’exciter les sanfédistes. Le cardinal Albani battit les libéraux à Césène ; ses soldats pillèrent les églises, saccagèrent les villes, violèrent les femmes. À Forli, les bandes commirent des assassinats de sang-froid. En 1832, les sanfédistes se montrèrent au grand jour avec des médailles à l’effigie du duc de Modène et du saint-père, des lettres patentes au nom de la congrégation apostolique, des privilèges et des indulgences. Les sanfédistes prêtaient littéralement le serment suivant : Je jure d’élever le trône et l’autel sur les os des infâmes libéraux, et de les exterminer sans pitié pour les cris des enfants et les larmes des vieillards et des femmes. Les désordres commis par ses brigands passaient toutes les limites ; la cour de Rome régularisait l’anarchie, organisait les sanfédistes en corps de volontaires auxquels elle accordait de nouveaux privilèges. (La Révolution et les Révolutionnaires en Italie. — Revue des Deux Mondes, 15 novembre 1844.)