Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/251

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dans un état d’exaltation d’autant plus fâcheuse que vous n’en avez pas eu la conscience. Mais heureusement, nos soins aidant, votre guérison ne sera, je l’espère, reculée que de quelque temps.

Si habituée qu’elle fût à l’audace de l’affilié de la congrégation, mademoiselle de Cardoville ne put s’empêcher de lui dire avec un sourire de dédain amer :

— Quelle impudente probité est donc la vôtre, monsieur ! Quelle effronterie dans votre zèle à bien gagner votre argent !… Jamais un moment sans votre masque : toujours la ruse, le mensonge aux lèvres. Vraiment, si cette honteuse comédie vous fatigue autant qu’elle me cause de dégoût et de mépris, on ne vous paye pas assez cher.

— Hélas ! dit le docteur d’un ton pénétré, toujours cette imagination de croire que vous n’aviez pas besoin de nos soins ! que je joue la comédie quand je vous parle de l’état affligeant où vous étiez lorsqu’on a été obligé de vous conduire ici à votre insu ! Mais, sauf cette petite marque d’insanité rebelle, votre position s’est merveilleusement améliorée ; vous marchez à une guérison complète. Plus tard, votre excellent cœur me rendra la justice qui m’est due ; et un jour… je serai jugé comme je dois l’être.