Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/253

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— Je crois, monsieur, que vous confondez un peu trop vos intérêts avec les miens…

— Voyons, dit le docteur Baleinier avec une feinte impatience et comme s’il eût été certain de convaincre mademoiselle de Cardoville ; voyons, auriez-vous le triste courage de plonger dans le désespoir deux personnes remplies de cœur et de générosité ?

— Deux seulement ? La plaisanterie serait plus complète si vous en comptiez trois : vous, monsieur, ma tante et l’abbé d’Aigrigny… car telles sont sans doute les personnes généreuses au nom desquelles vous invoquez ma pitié.

— Eh ! mademoiselle, il ne s’agit ni de moi, ni de votre tante, ni de l’abbé d’Aigrigny.

— De qui s’agit-il donc alors, monsieur ? dit mademoiselle de Cardoville avec surprise.

— Il s’agit de deux pauvres diables qui, sans doute envoyés par ceux que vous appelez vos amis, se sont introduits dans le couvent voisin pendant l’autre nuit, et sont venus du couvent dans ce jardin… Les coups de feu que vous avez entendu ont été tirés sur eux.

— Hélas ! je m’en doutais… Et l’on a refusé de m’apprendre s’ils avaient été blessés !… dit Adrienne avec une douloureuse émotion.

— L’un d’eux a reçu, en effet, une blessure,