Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/256

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— Ah ! monsieur, cela serait horrible… c’est impossible.

— Ce serait très-possible, reprit M. Baleinier ; ainsi, tandis que moi et la supérieure du couvent, qui, après tout, avons seuls le droit de nous plaindre, nous ne demandons pas mieux que de chercher à étouffer cette méchante affaire… c’est vous… vous… pour qui ces malheureux ont risqué les galères, c’est vous qui allez les livrer à la justice.

Quoique mademoiselle de Cardoville ne fût pas complètement dupe du jésuite de robe courte, elle devinait que les sentiments de clémence dont il semblait vouloir user à l’égard de Dagobert et de son fils seraient absolument subordonnés au parti qu’elle prendrait d’abandonner ou non la vengeance légitime qu’elle voulait demander à la justice.

En effet, Rodin, dont le docteur suivait sans le savoir les instructions, était trop adroit pour faire dire à mademoiselle de Cardoville : « Si vous tentez quelques poursuites, on dénonce Dagobert et son fils, » tandis qu’on arrivait aux mêmes fins en inspirant assez de crainte à Adrienne au sujet de ses deux libérateurs pour la détourner de toute poursuite.

Sans connaître la disposition de la loi, mademoiselle de Cardoville avait trop de bon sens