Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/263

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gence, tâchant de l’interroger ainsi sur l’arrivée imprévue du magistrat.

Autre sujet de stupeur pour M. Baleinier : Rodin paraissait ne pas le connaître et ne rien comprendre à son expressive pantomime, et le considérait avec un ébahissement affecté.

Enfin, au moment où le docteur, impatient, redoublait d’interrogations muettes, Rodin s’avança d’un pas, tendit vers lui son cou tors et lui dit d’une voix très-haute :

— Plaît-il,… M. le docteur ?

À ces mots, qui déconcertèrent complètement Baleinier et qui rompirent le silence qui régnait depuis quelques secondes, le magistrat se retourna et Rodin ajouta avec un imperturbable sang-froid :

— Depuis notre arrivée, M. le docteur me fait toutes sortes de signes mystérieux… Je pense qu’il a quelque chose de fort particulier à me communiquer… Moi, qui n’ai rien de secret, je le prie de s’expliquer tout haut.

Cette réplique, si embarrassante pour M. Baleinier, prononcée d’un ton agressif, et accompagnée d’un regard de froideur glaciale, plongea le médecin dans une nouvelle et si profonde stupeur, qu’il resta quelques instants sans répondre.

Sans doute le magistrat fut frappé de cet in-