Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/306

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— J’ai un petit boursicot ; il me suffira pour rester ici jusqu’à ce que j’aie délié jusqu’au dernier fil la noire trame du père d’Aigrigny ; je me dois cette réparation pour avoir été sa dupe ; trois ou quatre jours suffiront, je l’espère, à cette besogne. Après quoi, j’ai la certitude de trouver un modeste emploi dans ma province, chez un receveur particulier des contributions ; il y a peu de temps déjà quelqu’un me voulant du bien m’avait fait faire cette offre ; mais je n’avais pas voulu quitter le père d’Aigrigny, malgré les grands avantages que l’on me proposait… Figurez-vous donc huit cents francs, ma chère demoiselle, huit cents francs, nourri et logé… Comme je suis un peu sauvage, j’aurai préféré être logé à part ;… mais vous sentez bien, on me donne déjà tant… que je passerai par-dessus ce petit inconvénient…

Il faut renoncer à peindre l’ingénuité de Rodin en faisant ces petites confidences ménagères, et surtout abominablement mensongères, à mademoiselle de Cardoville, qui sentit son dernier soupçon disparaître.

— Comment, monsieur, dit-elle au jésuite avec intérêt, dans trois ou quatre jours vous aurez quitté Paris ?

— Je l’espère bien, ma chère demoiselle, et