Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/335

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lut poursuivre son inquisition jusqu’au bout. Remarquant la surprise que le trouble visible de la Mayeux causait à Adrienne, il dit à celle-ci en souriant et en lui désignant la Mayeux d’un signe d’intelligence :

— Hein ! voyez-vous, ma chère demoiselle, comme elle rougit… cette pauvre petite, quand on parle du vif attachement de ce brave ouvrier pour elle ?…

La Mayeux baissa la tête, écrasée de confusion.

Après une pause d’une seconde, pendant laquelle Rodin garda le silence, afin de donner au trait cruel le temps de bien pénétrer au cœur de l’infortunée, le bourreau reprit :

— Mais voyez donc cette chère fille, comme elle se trouble !

Puis, après un autre silence, s’apercevant que la Mayeux, de pourpre qu’elle était, devenait d’une pâleur mortelle et tremblait de tous ses membres, le jésuite craignit d’avoir été trop loin, car Adrienne dit à la Mayeux avec intérêt :

— Ma chère enfant, pourquoi donc vous troubler ainsi ?

— Eh ! c’est tout simple, reprit Rodin avec une simplicité parfaite, car, sachant ce qu’il voulait savoir, il tenait à paraître ne se douter