Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/386

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de ces singuliers compromis que l’homme longtemps et cruellement éprouvé fait, pour ainsi dire, avec la destinée, Pierre Simon, fataliste comme toutes les âmes tendres, se croyant en droit de compter enfin sur du bonheur après tant d’années de souffrances, n’avait pas un moment douté qu’il retrouverait sa femme et ses enfants, double consolation que la destinée lui devait, après de si grandes traverses.

Au contraire de certaines gens que l’habitude de l’infortune rend moins exigeants, Pierre Simon avait compté sur un bonheur aussi complet que l’avait été son malheur… Sa femme et son enfant, telles étaient les conditions uniques, indispensables, de la félicité qu’il attendait ; sa femme eût survécu à ses filles, qu’elle ne les eût pas plus remplacées pour lui qu’elles ne remplaçaient leur mère à ses yeux ; faiblesse ou cupidité de cœur, cela était ainsi ; nous insistons sur cette singularité, parce que les suites de cet incessant et douloureux chagrin exerceront une grande influence sur l’avenir du maréchal Simon.

Adrienne et Dagobert avaient respecté la douleur accablante de ce malheureux homme. Lorsqu’il eut donné un libre cours à ses larmes, il redressa son mâle visage, alors d’une pâleur