Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/398

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et d’une couleur chaude, transparente, dorée comme l’ambre ou la topaze ; accoudé sur un coussin, il appuie son menton sur la paume de sa main droite ; la large manche de sa robe, retombant presque jusqu’à la saignée, laisse voir sur son bras, rond comme celui d’une femme, les signes mystérieux, autrefois tatoués dans l’Inde par l’aiguille de l’Étrangleur.

Le fils de Khadja-Sing tient de sa main gauche le bouquin d’ambre de sa pipe. Sa robe de magnifique cachemire blanc, dont la bordure palmée de mille couleurs monte jusqu’à ses genoux, est serrée à sa taille mince et cambrée par les larges plis d’un châle orange ; le galbe élégant et pur de l’une des jambes de cet Antinoüs asiatique, à demi découverte par un pli de sa robe, se dessine sous une espèce de guêtre très-juste, en velours cramoisi, brodée d’argent, échancrée sur le cou-de-pied d’une petite mule de maroquin blanc à talon rouge.

À la fois douce et mâle, la physionomie de Djalma exprime ce calme mélancolique et contemplatif habituel aux Indiens et aux Arabes, heureux privilégiés qui, par un rare mélange, unissent l’indolence méditative du rêveur à la fougueuse énergie de l’homme d’action ; tantôt délicats, nerveux, impressionnables comme des femmes, tantôt déterminés, farou-