Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/399

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ches et sanguinaires comme des bandits.

Et cette comparaison semi-féminine, appliquée au moral des Indiens et des Arabes, tant qu’ils ne sont pas entraînés par l’élan de la bataille ou l’ardeur du carnage, peut aussi leur être appliquée presque physiquement ; car si, de même que les femmes de race pure, ils ont les extrémités mignonnes, les attaches déliées, les formes aussi fines que souples, cette enveloppe délicate et souvent charmante cache toujours des muscles d’acier, d’un ressort et d’une vigueur toute virile.

Les longs yeux de Djalma, semblables à des diamants noirs enchâssés dans une nacre bleuâtre, errent machinalement des fleurs exotiques au plafond ; de temps à autre il approche de sa bouche le bout d’ambre du houka ; puis, après une lente aspiration, entr’ouvrant ses lèvres rouges, fermement dessinées sur l’éblouissant émail de ses dents, il expire une petite spirale de fumée fraîchement aromatisée par l’eau de rose qu’elle traverse.

— Faut-il remettre du tabac dans le houka ? dit l’homme agenouillé en se tournant vers Djalma et montrant les traits accentués et sinistres de Faringhea l’Étrangleur.

Le jeune prince resta muet, soit que, dans son mépris oriental pour certaines races, il dé-