Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/420

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vail ; cette augmentation de salaire considérable avait répandu quelque bonheur et quelque aisance dans cent familles nécessiteuses qui, bénissant ainsi la magnificence d’Adrienne, lui donnaient, disait-elle, le droit de jouir de son luxe comme d’une action juste et bonne.

Rien n’était donc plus frais, plus charmant à voir que l’intérieur de cette chambre à coucher.

Mademoiselle de Cardoville venait de s’éveiller ; elle reposait au milieu de ces flots de mousseline, de dentelle, de batiste et de soie blanche, dans une pose remplie de mollesse et de grâce ; jamais, pendant la nuit, elle ne couvrait ses admirables cheveux dorés (procédé certain pour les conserver longtemps dans toute leur magnificence, disaient les Grecs) ; le soir ses femmes disposaient les longues boucles de sa chevelure soyeuse en plusieurs tresses plates dont elles formaient deux larges et épais bandeaux, qui, descendant assez pour cacher presque entièrement sa petite oreille dont on ne voyait que le lobe rosé, allaient se rattacher à la grosse natte enroulée derrière la tête.

Cette coiffure, empruntée à l’antiquité grecque, seyait aussi à ravir aux traits si purs, si fins de mademoiselle de Cardoville, et semblait tellement la rajeunir qu’au lieu de dix-huit ans on lui en eût donné quinze à peine ; ainsi