Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/434

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— Eh bien ?

— L’abbé d’Aigrigny a, m’a-t-elle dit, quarante ans environ ; il est d’une taille haute et élancée, vêtu simplement, mais avec soin ; ses yeux sont gris, très-grands et très-perçants, ses sourcils épais, ses cheveux châtains, sa figure complètement rasée et sa tournure très-décidée.

— C’est vrai…, dit Adrienne ne pouvant croire ce qu’elle entendait, ce signalement est exact.

— Tenant à avoir le plus de détails possible, reprit la Mayeux, j’ai demandé à la portière si M. Rodin et l’abbé d’Aigrigny semblaient courroucés l’un contre l’autre lorsqu’elle les a vus sortir de la maison ; elle m’a dit que non ; que l’abbé avait seulement dit à M. Rodin, en le quittant à la porte de la maison : « Demain… je vous écrirai… c’est convenu… »

— Est-ce donc un rêve ? mon Dieu ! dit Adrienne en passant ses deux mains sur son front avec une sorte de stupeur. Je ne puis douter de vos paroles, ma pauvre amie, et pourtant c’est M. Rodin qui vous a envoyée lui-même dans cette maison, pour y porter des secours à votre sœur ; il se serait donc ainsi exposé à voir pénétrer par vous ses rendez-vous secrets avec l’abbé d’Aigrigny ! Pour un traître… ce serait bien maladroit.